Jazz
Enfin le jazz français a trouvé son beau gosse ! Oui, Paul Lay est beau sans aucun oxymore. Mais que nous vaut cette bonne mine Paul (amis de la contrepétrie...) as t-on envie de lui demander. Et une partie de la réponse se trouve certainement dans le quartet qu'il a réuni pour l'album Mikado. En effet autour de lui prennent place Antonin Tri Hoang au saxophone alto et à la clarinette basse, Dré Pallemaerts à la batterie et Clemens Van Der Feen à la contrebasse.
Le pianiste a trouvé un bel équilibre avec cette formation, on passe de compositions très "à la mode" du jazz contemporain, à des morceaux plus personnels, en passant par des moments d'une infime délicatesse et sensibilité quand Dré Pallemaerts abandonne ses collègues et que Antonin Tri Hoang attrape sa clarinette basse.
Paul Lay est à l'aise dans tous les jeux, alternant lyrisme, jeu puissant de block-chord, virtuosité de la main gauche complètement indépendante. Mais ce qui est vraiment intéressant à voir et écouter c'est l'alchimie avec le batteur. Il existe une complicité sans faille entre ces deux là. Il prennent un plaisir à jouer ensemble qui transpire dans chaque chorus. C'est assez drôle d'ailleurs de comparer leurs allures respectives: D'un côté le pianiste propre sur lui, qui donne l'apparence d'un parfait gentleman et de l'autre un batteur aux cheveux long à qui il ne manque que la chemise de bûcheron pour compléter la panoplie du look grunge !
Mais l'apparence est une chose, le talent, une autre car cette complicité et ce dialogue constant entre les 2 instrumentistes n'est possible qu'avec une grande virtuosité. On ne peut dialoguer si on ne parle pas la même langue et force est de constater que Paul Lay et Dré Pallemaerts s'entendent à merveille.
Cette amitié, qui, je pense dépasse la rencontre musicale, éclipse un peu le talent du contrebassiste qui pourtant fait du bon travail tout au long du set. Jeu à l'archet très propre et très beau solo sur une ballade de début de concert.
L'alchimie étant tellement présente entre le batteur et le pianiste, difficile pour le contrebassiste de trouver sa place. De même, le saxophoniste Antonin Tri Hoang, apparaît comme une pièce rapportée face à ce couple. Cependant le saxophoniste que j'avais découvert dans une autre édition d'Éclats d'émail avec l'Orchestre National de Jazz sous la direction de Daniel Yvinec ne reste pas sur le bord de la route. Il enchaîne les thèmes avec une certaine maestria et nous livre des soli bien sentis. Bon technicien je trouve qu'il devrait se lâcher un peu plus, je me suis surpris au moment de ses soli à chantonner une note harmonique que j'aurai bien voulu entendre. Son introversion apparente se lit dans son jeu. Ce qui n'est pas forcément perceptible à l'écoute d'un cd, ne peut être caché sur scène. On a envie de générosité, que ce saxophoniste nous chahute en nous étonnant.
Bien entendu, je chipote car Antonin Tri Hoang a bien jouer tout au long du spectacle et il est un des piliers des saxophonistes français de la scène jazz actuelle.
En conclusion, un bon concert avec cette jeune garde du jazz, les compositions ne sont pas toutes du même niveau mais Paul Lay sait créer un set efficace alternant les compositions, les reprises, les ballades et les rythmes plus enlevés.
Enfin, Mikado dont la plupart des morceaux on été joué sur scène a été récompensé dans la catégorie jazz par le grand prix du disque de l'académie Charles Cros.
Le meilleur moyen de féliciter Paul Lay de ce prix est donc de se procurer son disque paru sous le label Laborie Jazz. En plus Mesdames, vous aurez ainsi une magnifique photo du pianiste (haaaa qu'il est beau).
Note: 15/20
Ecoutez Mikado ici
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