Translate

jeudi 20 novembre 2014

Éclats d'émail 2014 / Nasheet Waits - Equality Quartet

Jazz
Deuxième concert auquel j'assiste, Nasheet Waits qui vient défendre des titres qui vont certainement sortir sans tarder sur le label Laborie Jazz. C'est une formation en quartet dans laquelle on retrouve classiquement un pianiste Aruan Ortiz, un contrebassiste Mark Helias, un saxophoniste Darius Jones et à la batterie Nasheet Waits.
Après avoir ouïe la voix de Louis (Winsberg cf article ici) faisant wah-wah, c'est un jazz beaucoup moins conventionnel qui allait frapper aux portes de mes esgourdes. Tour à tour surpris, décontenancé, admiratif et souvent émerveillé, on ne peut pas dire que la voie musicale qu'a choisi Nasheet Waits laisse indifférent.


Waits défend l'idée selon laquelle chaque musicien du quartet apporte sa pierre à l'édifice, le nom d'Equality Quartet trouve ici sa justification. Cette notion d'égalité pourrait être galvaudée dans certaines formations mais c'est vrai que le jazz qui nous est présenté, s’affranchit des structures classiques. On peut aisément comparer l'apport de chaque musicien à une touche de couleur qu'ils viendraient poser sur une toile, on est dans l'expressivité de sentiments, sensations.
Cela montre une évidente maîtrise technique de l'instrument mais aussi une assimilation parfaite de la culture musicale jazz. On a l'impression qu'ils ont tous au moins 30 ans de carrière derrière eux.


D'aucuns diront que c'est une musique élitiste et il faut bien le reconnaître... ils ont raison. Car rares sont les non-musiciens à décrypter le message musicale dans toute sa force. Il faut avoir une notion, même restreinte, de l'harmonie, du rythme, de la pratique instrumentale pour prendre un réel plaisir à écouter ces virtuoses.
Mais revenons aux musiciens qui font preuve d'un immense talent. A commencer par le saxophoniste Darius Jones dont l'apparente bonhomie contraste avec un jeu puissant, une maîtrise technique exceptionnelle des harmoniques, du growling, des doigtés alternés mais surtout un son que n'importe quel saxophoniste voudrait avoir.

  
Le pianiste Aruan Ortiz ainsi que le contrebassiste Mark Helias sont aussi très techniques. Le premier base la plupart de ses chorus sur des motifs rythmiques, je regrette de ne pas avoir pu mieux entendre sa main gauche car mon placement dans la salle pénalisait la sonorisation du piano.
Le second enchaîne les soli avec dextérité que ce soit à l'archer ou aux doigts. Je trouve que son jeu est assez froid, cela manque de rondeur, même s'il ne recherche pas le groove pour cette musique, on sent que ce n'est pas instinctif chez lui. Peut-être les travers d'une formation essentiellement classique ?
Pour finir, le batteur et fondateur de ce quartet nous prouve tout au long du set une aisance dans tous les jeux. Du toucher sensible de la cymbale à l'explosion de la caisse claire, il marie habilement les sensations. C'est un véritable esthète de la batterie, chaque frappe sert la musique, pas de fioriture.
En conclusion, un concert impressionnant mais deux détails me chagrinent, d'une part, la musique de Nasheet Waits et de son quartet est trop hermétique pour le novice et d'autre part, je regrette qu'ils n'aient pas repris un standard. Une reprise saucissonnée à la méthode Waits aurait certainement enchanté le public.
Note: 13/20


Aucun commentaire: