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lundi 6 avril 2015

C'est qui le patron ?

Jazz
Alors que l'exercice du trio est presque un incontournable pour les pianistes, il n'en va pas de même pour les saxophonistes. Joshua Redman entends mettre tout le monde d'accord en présentant son album Trios Live qui comme son nom l'indique est une série de morceau enregistré par son trio lors de performances assez mémorables.
Donc non seulement il enregistre sous la formule du trio qui n'est pas la plus courante pour les saxophonistes mais en plus c'est sans filet puisqu'il s'agit d'enregistrements de concerts.
Joshua Redman dédie Trios Live à toutes les personnes qui vont écouter et voir le jazz en live que ce soit en club, dans les concerts ou dans les festivals. Ce public si précieux qui n'hésite pas à faire des kilomètres pour vibrer aux sons des soli des jazzmen actuels.
Alors vous voulez du Monk ? il y en a. Vous voulez de la composition originale? il y en a. Vous voulez du standard revisité ? il y en a. Vous voulez du Led Zeppelin ? il y en a aussi !
Joshua Redman s'est entouré de Gregory Hutchinson à la batterie, en lieu et place de l'habituel Jeff Ballard et à la basse se succède Matt Penman et Reuben Rogers.
Trios Live commence très fort avec la reprise de Mack The Knife, morceau immortalisé par Ella Fitzgerald. On est bien loin du live à Berlin de la grande dame. Redman déstructure le morceau et le lance sur des rythmiques chaloupées.
Avec Never Let Me Go, il calme le jeu et nous emmène sur une ballade ou il nous prouve encore un fois sa maîtrise des lignes mélodiques.
Soul Dance est la première composition originale de Trios Live. Le saxophoniste troque son ténor pour l'alto. Très bon échange entre les musiciens, avec en climax une tension du solo de sax construit sur une rythmique agressive.
Act Natural, aussi composé par Redman marque le retour du ténor. Le saxophoniste s'essaye aux "accords" au milieu du morceau. Il s'agit de positionner les clés graves du saxophone de telle manière à émettre deux notes qui se chevauchent. Hutchinson prend un solo de batterie sur la fin du morceau.
Mantra #5 est le dernier morceau de Trios Live sur lequel Redman joue du saxophone alto. Après une approche du thème avec le saxophone seul, le trio se retrouve pour jouer le thème aux accents métissés. Bon solo de basse de Matt Penman. Redman prend l'option d'un jeu très rythmique. Cette composition et les soli sont vraiment intéressants, c'est à n'en pas douter un moment fort de l'album.
Thelonious Monk est mis à l'honneur avec la reprise déjantée de son standard Trinkle Tinkle. Mais c'est avec Ocean, reprise tirée de Houses Of The Holy, que Redman étonne tout le monde.
Grand technicien du slap, et oui, on ne slape pas qu'à la basse,  Joshua Redman introduit le titre en mélangeant jeu rytmique et slap.
Led Zeppelin brillant au firmament du rock, c'est étonnant de voir ce titre figurer sur un album jazz. Mais Joshua Redman aime le rock, puisqu'il joua sur scène avec les Rolling Stones lors de tournées en 1997.
Trios Live impose Joshua Redman comme leader des soufflants. Il a dépassé la posture de bête de foire sachant manier le saxophone avec une dextérité incroyable pour attirer le public à lui pour le simple plaisir de la musique. Chapeau, l'homme aux lèvres qui rendent jalouses Emmanuel Béart et son chirurgien esthétique nous montre que dans l'exercice périlleux du jazz live, c'est lui le patron.
Note: 16/20
Ecoutez ici 


   

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