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dimanche 21 octobre 2012

Les Doctors sont en ville

Rock
Cette semaine, une petit coup d’œil dans le rétroviseur avec l'album Pocket Full Of Kryptonite, sorti il y a un peu plus de 25 ans en 1991. Le groupe Spin Doctors emmené par le chanteur Chris Barron connut un succès énorme avec ce premier album studio, 10 millions de ventes dans le monde.
Les Spin Doctors ne purent pourtant jamais vraiment réitérer cet exploit avec leurs albums suivants, que ce soit avec Turn It Upside Down, environ 1 million d'album, et You Got To Believe Something, hécatombe, avec 75000 albums. Aujourd'hui le groupe existe encore mais ne rencontre pas le public de ses débuts. Cette carrière artistique rappelle les one-hit wonder des années 80 qui n'arrivent jamais à refaire le hit qui les propulsera à nouveau au sommet des charts.
Pocket Full Of Kryptonite sort en 1991, mais ne sera diffusé qu'à partir de 1992 à la radio en France. Le premier single extrait de l'album est Little Miss Can't Be Wrong, blues rock assez pop tout en gaieté. Mais le raz de marée va venir avec le deuxième single Two Princes qui restera le tube absolu avec son riff de guitare funky, le thème universel de l'amour, la voix de Barron qui se permet de scatter, le jeu de batterie avec ses futs si sonores, ... Il faut le dire ça fait du bien d'entendre ça au sortir des années 80 et de la cold wave, dark wave et autre new wave. Cette vague là est bien plus sympathique, on arrête de faire la gueule et on fait la fête. Le message est certes simplissime, mais la jeunesse de part et d'autre de l'atlantique veux s'amuser et le titre Two Princes nous invite à cette "party".
Pocket Full Of Kryptonite est un album rock qui doit figurer dans toute bonne discothèque, les deux hits de l'album ne sont qu'une mise en bouche de titres moins racoleurs, que ce soit avec le très zeppelinien  Refrigerator Car, le bluesy Jimmy Olsen's Blues qui reprend la construction de Two Princes, le stonien Off My Line. Là où les Spin Doctors sont forts c'est qu'ils arrivent à faire des classiques rocks mais à la sauce des années 90, c'est à dire punchy avec une bonne dose de funk. Cependant pour arriver à faire cette cuisine, il faut être un cordon bleu et les Doctors sont des musiciens de très haut vol. Il suffit pour s'en persuader d'écouter le morceau Shinbone Alley / Hard To Exist avec ses soli de guitare experts et sa basse slappée avec vigueur ou What Time Is It avec un batteur calant ses breaks à la perfection. Le chant n'est pas en reste que ce soit avec le sirupeux Forty Or Fifty ou les différentes vocalises que Barron prodigue sur l'ensemble de l'album.
Ces musiciens sont virtuoses et les compositions sonnent, Pocket Full Of Kryptonite ne peut que marcher.
Après des déboires divers, les Spin Doctors ne semblaient plus qu'être une coquille vide et pourtant ils ont annoncé la sortie d'un nouvel album en 2013. Peut-être la chance renverra ces Doctors sur le devant de la scène plus de 25 ans après ...
Note: 15/20
Ecoutez ici 


samedi 13 octobre 2012

Un peu de fraîcheur canadienne

Rap
Le groupe canadien Random Recipe amène un peu de subtilité dans le monde du rap qui est souvent représenté par des gros lourds avec des chaines en or, des grosses bagnoles et des femmes dénudées avec des formes bien placées, qui se trémoussent en ne laissant aucun doute sur leurs virginités perdues. Pour les quelques femmes rappeuses, le constat est amer, soit on se trouve face à une femme qui joue de ses épaules de déménageurs, soit c'est la carte sexe à fond qui est choisie. Random Recipe apporte donc un peu de fraîcheur avec un rap féminin loin des ornières du mainstream rap.
La production est assez minimaliste et change des grosses productions américaines des rappeurs de notre époque. Cependant le mixage aussi est un peu cheap et les placements dans l'espace sonore pas forcément adéquats: voix trop devant, guitare anémique, ...
Certainement la contrepartie d'un budget restreint. L'alchimie de Random Recipe tient en grande partie de l'équilibre entre la chanteuse Frannie et la rappeuse Fab, ce sont vraiment elles le cœur du groupe.
Fold It ! Mold It ! est donc le premier album du quatuor canadien qui est sorti en 2010 au Canada et en 2012 en France ! A l'heure des autoroutes de l'information, c'est un peu risible,  ... les lois du marketing sont impénétrables.
Après une introduction dans la droite ligne des jams de rues, Fold It ! Mold It ! débute sur Pack Your Bags qui, sur le thème, comporte une touche latino. Cette influence latine est présente sur de nombreux morceaux que ce soit les claves et percussions de Without You, la guitare de Something On My Mind et Shining Star.
L’éclectisme est de rigueur avec des ballades proches des folk songs actuels: Love Love, des tubes énergiques: Sta'Zitto, A Moment With Last Dinosaur, un morceaux plus rock: Dangerous. Sur deux morceaux, la sauce ne prend pas, Bad Luck et Wonderwoman où Frannie fait des vocalises qui restent assez indigestes.
Mais retenons plutôt la fraîcheur de Fold It ! Mold It ! et la complicité des deux chanteuses qui renouvellent sans le révolutionner le rap actuel.
Note: 12/20
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samedi 6 octobre 2012

Ti ondule ton corps !

Jazz
Sex Toy est le cinquième album d’Édouard Bineau, et le second sous le patronyme Wared qui signifie édouard en verlan. Le pianiste est une véritable découverte et le morceau éponyme mérite à lui seul l'achat de cet album.
Sex Toy, le titre est plutôt bien trouvé, un objet dévolu au plaisir onanique, l'auteur recherche grâce au support enregistré à procurer du plaisir à l'auditeur. Et ce plaisir est en somme très individuel car si l'on se réfère au mode d'écoute le plus couramment usité, on se retrouve avec un casque d'iphone ou d'ipod sur les oreilles !
Après un morceau d'introduction X 1938, le morceau Sex Toy débute sur un riff au piano très rythmé, soutenu par les cuivres qui exposent le thème. Dès ce morceau la complicité entre le saxophoniste Daniel Erdmann et le pianiste se fait sentir.
Edouard Bineau recherche avant tout la musicalité, il fait attention aux thèmes, sur l'album, seuls 2 morceaux ne sont pas des compositions : d'abord Lorelei Sebasto Cha composé par H F Thiéfaine et Mourir Pour Des Idées de Brassens. Ces reprises ne sont pas intéressantes, même si c'est bien exécuté, que la musique originale est plutôt loin, il n'y a pas le petit coup de baguette magique qui viens façonner le diamant brut.
Carousel est une composition qui représente assez bien le jazz contemporain en Europe, voire en France, ce n'est pas réellement ma tasse de thé.
Sur New Ed, on se lâche, la rythmique entêtante du piano rappelle le jeu de Sam Yahel avec Joshua Redman et son Elastic Band. L'improvisation se veut dissonnante, plus free que sur les autres morceaux.
L'importance de la construction du thème sur un riff de piano assez vif est encore très bien fait par Bineau sur Homo Erectus, la fin du morceau fini en apothéose avec le batteur qui lâche tout. Un morceau qui je pense doit prendre toute sa mesure en live.
Avec Frederique, morceau en deux parties, le pianiste nous montre tout d'abord un jeu très lyrique dans lequel il excelle. Ensuite dans un second temps le tempo s’accélère, pour un thème plus joyeux.
On peut imaginer que le musicien à cherché à nous peindre les deux facettes d'une personne, ou bien encore les deux phases de vie que celle-ci à pu rencontrer.
Centrifugation reste de conception plus classique, c'est avec Fazzer que le groupe Wared termine l'enregistrement et un très bon solo de saxophone.
Edouard Bineau arrive à nous raconter des histoires, son jeu est intéressant car il peut aussi bien être très lyrique et sur un autre morceau rythmique et rigoureux mais toujours avec une pointe de groove.
C'est une découverte agréable de savoir qu'un pianiste français est capable de composer des thèmes et d'improviser comme les grands noms du jazz américain actuel.
Pour ma part, j'espère que Bineau pour ses prochains albums, s'orientera plus vers des compositions telles que Sex Toy, Homo Erectus, Frédérique, et délaissera le côté "francojazz" de Carousel.
Affaire à suivre...
Note: 12/20
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