Jazz
Dernier jour d'octobre pour un post de jazz qui ne fête pas Halloween. Non rien ne peut faire peur dans cet album Alive paru en 2014, la pochette n'est même pas orange. Bon d'accord, la coiffure de la pianiste Hiromi Uehara peut faire trembler le coiffeur de quartier habitué à sa teinture bleue pour mamies et qui ne doit pas comprendre le modernisme de cette explosion capillaire. De même, la mamie aux cheveux bleus serait fort dépité de voir ce que l'on peut faire avec ce meuble en bois noir qui l'enquiquine car il faut le nettoyer quotidiennement tant il donne l'impression d'attraper toutes les particules de poussière. Finalement, l'usage principal du piano chez la mamie, que l'on pourrait croire fan d'avatar, est console pour vase avec fleurs en plastique reposant sur napperons brodés multicolores. La grand-mère d'Hiromi ne devait pas avoir les cheveux bleus car la façon de jouer du piano de la jeune femme est plutôt impressionnante d'énergie, la poussière ne devait pas avoir le temps de se poser sur la laque couleur ébène. Avec Alive, Hiromi est sur une formule trio, piano, basse, batterie, vue et revue me direz-vous... C'est vrai que pratiquement tous les grands pianistes de jazz ont livré en trio des oeuvres passées à la postérité. Que ce soit Keith Jarett, Ahmad Jamal, Brad Meldhau (le Michel Sardou du piano, il fait toujours la gueule), EST, ... La liste est trop longue. Mais là où dans la plupart des cas, le pianiste s'engage sur des compositions laissant une grande place au lyrisme, Hiromi nous rappelle que le piano est un instrument de percussion.
Ce trio formé par Hiromi, Anthony Jackson à la basse et Simon Phillips à la batterie est pour le moins dynamique, ça envoie le bois ! D'ailleurs pour ma part, le son des toms de batterie est un peu trop fort par rapport à la balance de l'ensemble, cela donne l'impression que le batteur défonce les peaux de ses futs à chaque frappe !
Hiromi est une grande virtuose, écoutez la vélocité de ses phrases, les appogiatures qu'elle distille sur la majorité de ses notes, l'incroyable indépendance de ses mains, c'est un génie !
Mais bien souvent le problème des grands techniciens, virtuoses de la musique c'est qu'ils n'arrivent pas à faire passer l'émotion et que leurs compositions sont si techniques que le commun des mortels ne les comprend pas.
Et là je recrie au génie (rien à voir avec le froid) car sur Alive, les compositions tiennent la route, que ce soit: Warrior, qui passé l'intro, nous renvoie à une musique de polar des années 70, Seeker, une ballade quasi pop ou bien encore la ballade très sensible Firefly.
Et l'émotion dans tout ça ma pauvre dame ? Hé bien il y en a aussi ! Que ce soit la joie de se faire un blues revisité avec Spirit et ses jouissives pêches. L'énergie d'un Alive, le lyrisme d'un Wanderer, la tension d'un Player, Hiromi passe par toutes les palettes de l'émotion et dans chaque morceau on se demande où la pianiste va nous entraîner. Le bassiste impose son groove et le batteur, hormis ce problème de sonorisation, converse réellement avec la pianiste.
Alive est une réussite, Hiromi est au sommet de son art, un véritable pied à écouter. Alive ne plaira peut-être pas à mamie mais c'est un incontournable de cette année 2014, à écouter very loud ! De toute façon mamie elle est sourde...
Note: 17/20
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