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lundi 12 mai 2014

De l'importance des danseuses !

World Music
Concert de Femi Kuti au centre culturel John Lennon. Il est venu avec son groupe The Positive Force défendre sur scène son dernier opus: No Place For My Dream. Cet album est placé sous le signe d'un retour à l'afrobeat créé par son père et défendu avec force conviction par Femi Kuti. Ainsi pour notre plus grand plaisir le multi instrumentiste délaisse les claviers au profit du saxophone.
Chose inhabituelle pour la salle John Lennon, le concert n'est pas précédé d'une première partie et surtout commence à l'heure exacte.
Votre serviteur se retrouvant du coup à la bourre et loupant les premières minutes du concert...
La majorité des spectateurs faisant comme moi, le début du live se fait devant une salle à moitié vide !
Beaucoup de monde sur scène, un clavier, une section de cuivres avec trompette, sax ténor, sax baryton, un guitariste, un bassiste, un percussionniste,un batteur, Femi Kuti et 3 danseuses.
Et même si Femi Kuti monopolise l'attention en chantant et en battant la mesure avec son bras comme s'il venait de prendre une décharge électrique, mon regard se porte invariablement sur les danseuses.
Car il faut bien reconnaître que la suggestivité des danses ne pouvait pas laisser de marbre tout homme normalement constitué. Un simple regard dans l'assistance masculine permettait de voir ici une bouche à demi ouverte, ici une gesticulation ressemblant vaguement à un pas de danse pour attirer le regard des belles...
Cette constatation m'amena à reconsidérer tout le succès des années disco, avec en ligne de mire Claude François. Son plébiscite aurait-il été aussi important sans les claudettes ? Car finalement, aller voir Cloclo en concert permettait à madame de danser et à monsieur de se rincer l’œil !
Si le funk a écoulé plus d'une pochette érotique (Ohio Players, Donald Byrd, ...), le rap à surexploité ce filon de " mais non chérie, ce sont la musique et les textes qui m'intéressent".
Et si la nudité et les poses lascives font vendre, c'est aujourd'hui l'interprète et plus les danseuses ou danseurs qui doivent passer à la cabine de déshabillage. Qui plus est quand on est star de la pop comme Rihana, Beyoncé, ... et bien entendu leurs grand-mère Madonna et Minogue en tête.
Mon regard occupé, mes oreilles, elles, ne perdaient pas une miette du show. Bonne sonorisation ce qui n'était pas évident avec tout ce monde mais quelques problèmes de larsen dans le micro voix, rien d'important.
Femi laisse les nappes d'orgues hammond au profit du saxophone en enchaînant dès les premières mesures une démonstration de respiration continue. Cette technique inspirée par la pratique du yoga, permet de continuer de souffler dans le saxophone tout en reprenant son aspiration. Ainsi le son est continu, on appelle cette technique en anglais "the circular breath". Cette technique n'a pas de réel intérêt pour le jeu, elle sert plus de démonstration. Assez difficile à produire, la respiration continue a été utilisé dans les années 60 par les plus grand jazzmen. Mais il ne s'agissait pas réellement d'une nouvelle façon de jouer car faire des phrases mélodiques de plus de 30 secondes n'a pas d'importance. C'était une manière de travailler la spiritualité au travers de l'instrument en associant la respiration, la composition et la musique.
Mais revenons au concert où les cuivres balancent des thèmes percutants typiques de l'afrobeat et sont assez bien sonorisés même si on décèle une légère saturation. Cette dernière est à mon avis due à l'usage de micros trop sensibles à la pression dynamique mais mon éloignement ne m'a pas permis de voir de quels modèles il s'agissait.
Femi Kuti dispose d'un electrovoice RE20 qui est parfait pour sonoriser les différents saxophones qu'il va jouer. Le fils de Fela alterne ses tubes Day By Day, Fight To Win,... avec les titres de No Place For My Dream.
Le spectacle est agréable, mais c'est dommage que seuls Femi Kuti et le guitariste prennent des soli. Pour ne pas oublier son côté engagé, Kuti réaffirme sa position sur la fin du droit de véto aux nations unies et que chaque pays puisse disposer d'un vote.
La majorité des spectateurs applaudit sans réellement comprendre ce que dit le chanteur... C'est l'exception culturelle française ! Chaque fois qu'un chanteur harangue les foules en anglais, les français disent tous en coeur "Yeah !", vous pouvez faire l'expérience si vous jouez devant un public important dites des phrases débiles comme " I want to eat something", "Brian is in the kitchen",  c'est très drôle...
En conclusion le concert valait le déplacement, Femi Kuti, dans la lignée de son père est revenu à ses premières inspirations plus afrobeat que world music. Le saxophone est omniprésent pendant le concert, mais même si Femi Kuti a trouvé un son très personnel, ses soli restent assez simples. Bon saxophoniste, ses compositions font la part belle au chant, mélodies, textes et l'improvisation en pâtit.
Un concert plus world music que jazz mais le plaisir de voir un grand ensemble de musiciens est toujours au rendez-vous surtout quand les danseuses sont là...
Note: 13/20
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