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mercredi 21 mai 2014

Peut mieux faire

Electro
Les plus jeunes n'ont certainement pas connu le temps ou pour jouer à des jeux vidéos, on se rendait dans des endroits dédiés ou parfois des bars. Plus adepte des flippers, il y a au moins 1 jeu d'arcade auquel j'étais accroc et c'était Outrun. Le scenario du jeu consistait à rallier le plus vite possible un lieu en échappant à la police. Tout cela au volant d'une testarossa et accompagné d'une jolie blonde. Encore faut-il avoir de l'imagination pour la beauté de la blonde car ce n'était finalement qu'un tas de pixels. Seul un bar de Limoges, place Jourdan, proposait ce jeu. J'ai usé mes fonds de culotte devant cet écran, ruinant mes maigres économies. La nostalgie des années 80 était moins musicale que sentimentale. Car si je garde d'assez bons souvenirs de ces années, ce n'est pas sur le plan musical. En effet on ne peut pas dire que les musiciens de cette époque aient sorti beaucoup d'albums impérissables.
Kavinsky artiste électro reprend à son compte l'univers du jeu Outrun et sort fin 2013 un album logiquement intitulé Outrun. La pochette dans le style affiche de film renvoie à la thématique de la bande originale. C'est l'esprit de l'album, aux ambiances cinématiques et à la musique imprégnée des années 80.
Passé Prélude, Blizzard et Protovision qui sonnent outrageusement comme Justice, viens Odd Look avec une séquence entêtante, mais le chant bidouillé donne l'impression d'écouter un troll. L'usage du vocoder n'est pas forcément de bon aloi. Après Rampage encore emprunté à Justice, un rap de bonne facture redore le blason de ce Kavinsky assez peu inspiré jusqu’à présent.
Avec Testarossa Autodrive, on tient enfin le tube électro, punchy comme les chevaux sous le capot d'une Ferrari. Le tube commercial sera le titre suivant Nightcall, qui doit sans doute sa popularité à des arrangements commerciaux entre producteurs. La séquence est simpliste, le chant vocodé vu et revu et surtout lorsque la voix de Lovefoxx arrive, on croirait entendre Sandra, star allemande des années 80, entonnant son tube Heaven Can Wait. Pour moi ce titre est vraiment mauvais.
Les morceaux suivants: Dead Cruiser, Grand Canyon, montrent la capacité de Kavinsky à créer des morceaux qui ne sont pas du Justice ou de la guimauve 80. Après First Blood, morceau de pop fm assez classique, Roadgame est à mon goût le meilleur titre de l'album. La séquence de cordes envoutante, le piano percutant, tout concorde pour faire de ce titre un tube. Outrun se finit par Endless a l'influence évidente de Giorgio Moroder.
Vous l'aurez compris, Kavinsky me déçoit avec Outrun. L'album est bien réalisé, l'idée d'une bande originale est assez futée, mais les emprunts à Justice sont trop présents. En 2013, les vocoders de Daft Punk sont périmés, le revival année 80 n'apporte rien d'essentiel à la musique, bref, ... Il faut évoluer !
En somme beaucoup d'erreur mais Kavinsky dispose d'une vrai talent quand il compose des morceaux comme Roadgame, donc il peut à coup sûr faire un enregistrement de qualité. Laissons le temps faire son œuvre...
Note: 10/20
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jeudi 15 mai 2014

Le côté sauvage ...

Rock
Il existe des enregistrements mythiques qui traversent les années sans prendre une ride (désolé). On ne peut pas savoir à l'avance ce que donnera tel ou tel album. Les musiciens peuvent être au top, les compositions fouillées et les textes ciselés, il y a aussi le paramètre chance qu'il ne faut pas oublier.
Bon nombre de compositions exceptionnelles n'ont pas connu l'aura de la gloire pour un simple rendez-vous manqué avec le public et parfois même en amont avec le producteur.
Ce rendez-vous, Lou Reed ne le manque pas avec l'album Transformer. Bons musiciens, textes mêlant provocation et mélancolie, compositions rock intemporelles et production par l'homme du moment, à savoir David Bowie.
Bowie est auréolé de sa première place dans les charts anglais avec Space Oddity et sort le légendaire Ziggy Stardust quelques mois avant l'album de Lou Reed. L'année 1972 est donc très chargée pour le "Thin White Duke" puisque hormis ses projets personnels, il produit pour la première fois. Ainsi ce n'est pas un album mais deux qu'il va réaliser, puisqu'à Transformer il convient d'ajouter All The Young Dudes par le groupe Mott The Hoople. Ce dernier enregistrement contient le tube éponyme ainsi que Suffragette City. Le succès de ces 2 albums est remarquable, Bowie tel un roi Midas transforme en or tout ce qu'il touche...
Bowie, par sa connaissance des attentes du public à permis à Lou Reed de rencontrer un succès qui n'aurait certainement pas été aussi phénoménal avec un autre producteur.
Transformer commence fort avec le tube Vicious et son riff acéré de guitare électrique. Après les chœurs de Andy's Chest, c'est le piano et les cordes de Perfect Day qui nous attirent dans une douce mélancolie. Ce titre est superbe et permettra à Lou Reed avec Satellite Of Love et bien entendu Walk On The Wild Side de passer à la postérité.
Le punchy mais plus classique Hangin' 'Round laisse place au tube planétaire Walk On The Wild Side avec sa ligne de basse reconnaissable entre mille, cette histoire chantée à la limite du parlé, ce gimmick vocal et le superbe solo de saxophone de Ronnie Ross. Il faut noter que c'est David Bowie qui invite Ronnie Ross sur l'album. Ross était le professeur de saxophone de Bowie quand il intégra son premier groupe.
Après Make Up dans lequel Lou Reed profite du contrechant d'un tuba, c'est le retour des chœurs et du piano pour un autre morceau d'anthologie: Satellite Of Love. Transformer se poursuit avec Wagon Wheel et son riff assez classique. Le côté théâtrale des chansons de l'époque fait son apparition avec New York Telephone Conversation, titre le plus court de l'album. I'm So Free pose les jalons d'un rock plus standard et enfin Goodnight Ladies élargit la palette du chanteur à une couleur jazzy.
Transformer est un album à ne pas manquer, il brille au firmament des classiques du rock.
Si Lou Reed décédé en 2013 a été un artiste incontournable du rock, il a aussi réussi à laisser son empreinte au cinéma grâce à une interprétation que j'adore dans le film de Paul Auster et Wayne Wang : Brooklyn Boogie.
Note: 18/20
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lundi 12 mai 2014

De l'importance des danseuses !

World Music
Concert de Femi Kuti au centre culturel John Lennon. Il est venu avec son groupe The Positive Force défendre sur scène son dernier opus: No Place For My Dream. Cet album est placé sous le signe d'un retour à l'afrobeat créé par son père et défendu avec force conviction par Femi Kuti. Ainsi pour notre plus grand plaisir le multi instrumentiste délaisse les claviers au profit du saxophone.
Chose inhabituelle pour la salle John Lennon, le concert n'est pas précédé d'une première partie et surtout commence à l'heure exacte.
Votre serviteur se retrouvant du coup à la bourre et loupant les premières minutes du concert...
La majorité des spectateurs faisant comme moi, le début du live se fait devant une salle à moitié vide !
Beaucoup de monde sur scène, un clavier, une section de cuivres avec trompette, sax ténor, sax baryton, un guitariste, un bassiste, un percussionniste,un batteur, Femi Kuti et 3 danseuses.
Et même si Femi Kuti monopolise l'attention en chantant et en battant la mesure avec son bras comme s'il venait de prendre une décharge électrique, mon regard se porte invariablement sur les danseuses.
Car il faut bien reconnaître que la suggestivité des danses ne pouvait pas laisser de marbre tout homme normalement constitué. Un simple regard dans l'assistance masculine permettait de voir ici une bouche à demi ouverte, ici une gesticulation ressemblant vaguement à un pas de danse pour attirer le regard des belles...
Cette constatation m'amena à reconsidérer tout le succès des années disco, avec en ligne de mire Claude François. Son plébiscite aurait-il été aussi important sans les claudettes ? Car finalement, aller voir Cloclo en concert permettait à madame de danser et à monsieur de se rincer l’œil !
Si le funk a écoulé plus d'une pochette érotique (Ohio Players, Donald Byrd, ...), le rap à surexploité ce filon de " mais non chérie, ce sont la musique et les textes qui m'intéressent".
Et si la nudité et les poses lascives font vendre, c'est aujourd'hui l'interprète et plus les danseuses ou danseurs qui doivent passer à la cabine de déshabillage. Qui plus est quand on est star de la pop comme Rihana, Beyoncé, ... et bien entendu leurs grand-mère Madonna et Minogue en tête.
Mon regard occupé, mes oreilles, elles, ne perdaient pas une miette du show. Bonne sonorisation ce qui n'était pas évident avec tout ce monde mais quelques problèmes de larsen dans le micro voix, rien d'important.
Femi laisse les nappes d'orgues hammond au profit du saxophone en enchaînant dès les premières mesures une démonstration de respiration continue. Cette technique inspirée par la pratique du yoga, permet de continuer de souffler dans le saxophone tout en reprenant son aspiration. Ainsi le son est continu, on appelle cette technique en anglais "the circular breath". Cette technique n'a pas de réel intérêt pour le jeu, elle sert plus de démonstration. Assez difficile à produire, la respiration continue a été utilisé dans les années 60 par les plus grand jazzmen. Mais il ne s'agissait pas réellement d'une nouvelle façon de jouer car faire des phrases mélodiques de plus de 30 secondes n'a pas d'importance. C'était une manière de travailler la spiritualité au travers de l'instrument en associant la respiration, la composition et la musique.
Mais revenons au concert où les cuivres balancent des thèmes percutants typiques de l'afrobeat et sont assez bien sonorisés même si on décèle une légère saturation. Cette dernière est à mon avis due à l'usage de micros trop sensibles à la pression dynamique mais mon éloignement ne m'a pas permis de voir de quels modèles il s'agissait.
Femi Kuti dispose d'un electrovoice RE20 qui est parfait pour sonoriser les différents saxophones qu'il va jouer. Le fils de Fela alterne ses tubes Day By Day, Fight To Win,... avec les titres de No Place For My Dream.
Le spectacle est agréable, mais c'est dommage que seuls Femi Kuti et le guitariste prennent des soli. Pour ne pas oublier son côté engagé, Kuti réaffirme sa position sur la fin du droit de véto aux nations unies et que chaque pays puisse disposer d'un vote.
La majorité des spectateurs applaudit sans réellement comprendre ce que dit le chanteur... C'est l'exception culturelle française ! Chaque fois qu'un chanteur harangue les foules en anglais, les français disent tous en coeur "Yeah !", vous pouvez faire l'expérience si vous jouez devant un public important dites des phrases débiles comme " I want to eat something", "Brian is in the kitchen",  c'est très drôle...
En conclusion le concert valait le déplacement, Femi Kuti, dans la lignée de son père est revenu à ses premières inspirations plus afrobeat que world music. Le saxophone est omniprésent pendant le concert, mais même si Femi Kuti a trouvé un son très personnel, ses soli restent assez simples. Bon saxophoniste, ses compositions font la part belle au chant, mélodies, textes et l'improvisation en pâtit.
Un concert plus world music que jazz mais le plaisir de voir un grand ensemble de musiciens est toujours au rendez-vous surtout quand les danseuses sont là...
Note: 13/20
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