Vous allez me dire que l'année 2014 est loin d'être finie, mais ça fait tellement longtemps que je n'ai pas entendu un album aussi brillant que je doute que les 6 mois à venir me réserve une surprise. Donc j'ai décidé en accord avec moi même et par adoption de ma voix à l'unanimité que Gaël Horellou avec Legacy serait le gagnant de la catégorie meilleur album jazz 2014.
Ma première "rencontre" avec Gaël Horellou date d'une bonne quinzaine d'année, à l'époque un ami saxophoniste Greg, me parle en ces termes d'un altiste issu de sa ville natale Caen: " il déchire ce gars, en plus il s'intéresse beaucoup aux musiques électroniques, ...". J'avoue qu'à l'époque, je n'avais pas trop accroché à son travail pour Cosmik Connection.
Mais je doit bien reconnaître que la ville de Caen était devenue depuis indissociable de ce saxophoniste.Le début du mois de juin étant le théatre des cérémonies pour le d-day, les projecteurs se sont à nouveau braqué sur cette ville, me faisant penser irrémédiablement à Gaël Horellou qui avait sorti début 2014 un album live enregistré au Duc des Lombards: Legacy.
L'album arrive par la poste et au déballage je suis un peu déçu, la conception graphique du titre est sympa mais les photos sont mal agencées et il n'y a pas de livret. Le digipack de base, signe d'un manque d'argent dans la production. Ce constat fait, les minutes de Legacy défilent sur la platine et l'introduction lancinante de Clifford Jordan met mes sens en éveil. Le thème, dynamique, se lance vers 2 minutes et c'est le premier solo de saxophone de l'album. La virtuosité et l'expressivité sont au rendez-vous. Les compositions sont toutes de Gaël Horellou mais c'est avec Jackie McLean qu'il signe son plus beau morceau. Le travail d'harmonie, la rythmique soutenue par le trio Déconfin au piano, Viktor Nyberg à la contrebasse et Antoine Paganotti à la batterie sont de très haut niveau. Le solo d'Horellou est exceptionnel.
Berchida's Song, une balade, nous rapproche des standards du jazz des années 60. Le pianiste Etienne Déconfin prend le chorus après les deux saxophonistes et reste assez classique dans son improvisation. Saint Leu monte le métronome dans les tempi, et le pianiste montre l'étendue de son talent. Ce morceau laisse aussi un espace à Viktor Nyberg et Antoine Paganotti pour nous faire entendre leur dextérité.
Legacy se termine sur Palace Special aux accents de blues. Pas de solo d'alto ou de ténor, c'est la contrebasse qui s'octroie la part du roi. J'aurai bien aimé un duo de saxophones pour finir, mais le morceau aurait duré comme les autres un quart d'heure et le Horellou Band ne voulait peut-être pas lasser son auditoire.
Avec Legacy, Gaël Horellou nous présente des compositions toujours mélodiques, ou le travail d'arrangement est précis. Ecoutez les chants et contre-chants entre les deux saxophones sur les thèmes. Cet hommage aux pairs du jazz est très bien rendu, et que ce soit Abraham Burton ou Gaël Horellou, ils défendent ardemment une musique moderne et entraînante. Les soli sont très bien construits et digne des plus grands.
En 2001, Chris Potter sortait son album Gratitude, dans lequel il rendait lui aussi hommage à ses pairs. Cet album incontournable, fut le premier pour le label Verve et lui ouvrit les portes du jazz mondial comme leader et compositeur.
Legacy présente par la voix d'un altiste hors-pair en la personne de Gaël Horellou un hommage différent mais tout aussi respectueux.
J'espère que cet album, peut-être dans une moindre mesure, apportera le succès au caennais. Car ce serait bien de faire quelque chose pour la pochette...
Alors mesdames et messieurs les organisateurs de festivals, à vos agendas, ce quintet ne peut pas passer à la trappe.
Note: 16/20
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