Jazz
Cela fait longtemps que je ne vous ai pas embêté avec du jazz. En plus Oxymore, troisième album d’Étienne Bouyer s'adresse à des oreilles plutôt affûtées. Sur cet enregistrement coécrit avec le pianiste Jean Baptiste Hadrot, la maîtrise de l'instrument est certaine. Alors évidemment le style est plus près des enregistrements du label ECM que de celui de Bluenote. Et là vous me tombez dessus en me disant "ouais tu nous disait que ECM c'était pas ta tasse de thé, patati, patata, ..." et vous auriez raison. Mais Oxymore est un peu spécial car je connais le saxophoniste, et là je vous entends penser tout bas (entendre penser les autres c'est très fort je sais): " vendu, c'est de la flagornerie, pouah, ..." je vous arrête tout de suite, je compte bien donner mon avis sans aucun préjugé et sans me soucier de l'amitié que j'ai avec Etienne.
Pour commencer le line up est un peu spécial, un saxophone soprano et un pianiste, tout de suite la peur d'un manque de section rythmique m'étreins, mais c'est sans compter sur le jeu en accord plaqué que prodigue Jean Baptiste Hadrot sur la majorité des morceaux. Donc le pari est réussi pour le duo sax piano, on peut remarquer une bonne prise de son du sax avec une petite faiblesse sur les médiums qui aurait pu être compensée par l'adjonction d'un autre micro. Pour le piano, la réverbération donne une couleur "mouillée" au son, certainement un parti pris mais je ne suis pas fan.
Rentrons maintenant dans le vif du sujet, les compositions. Dans l'ensemble les deux compères s'entendent bien dans l'improvisation et cela donne de beaux moments de bravoure comme le solo de sax sur Elixir, le piano sur la ballade Marie et No Drink With You, ...etc...
Et c'est là ou les anciens voisins d’Étienne dans le 18éme à Paris auraient pu dire "Ouah putain l'enculé de bâtard de sa race" ce qui signifie: quels virtuoses, ils se débrouillent vraiment bien !
Oxymore trouve un intérêt particulier grâce à des morceaux comme Plage Blanche et sa deuxième partie ou les deux musiciens explosent littéralement sur un chorus d'anthologie. Avec Alix, le thème rappelle le premier album de Stefano Di Battista et ses morceaux qui deviennent vite intemporels grâce à leur simplicité. Enfin Jezerca est aussi remarquable par la montée en puissance de l'improvisation où la complicité des 2 musiciens ne fait aucun doute.
En fait le gros reproche sur Oxymore reste que la majorité des thèmes sont trop complexes, un bon thème doit pouvoir être chanter dès la première écoute or tel n'est pas le cas. Bien entendu on peut avoir une ou deux compositions plus fouillés sur un album, mais Oxymore aurait gagné en simplicité.
En conclusion on ne peut que saluer la virtuosité des deux compères, ainsi que leur engagement dans un jazz sans compromis, certifié sans chanteuse gnangnan... Oxymore mérite le détour et si vous voulez vous procurer le cd, contactez directement Étienne qui se fera une joie de vous l'envoyer.
Note: 11/20
Site du saxophoniste
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