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dimanche 23 mars 2014

BAM ou JAZZ

Jazz
Encore un concert de jazz durant ce mois de mars. Là il s'agit d'un duo composé de la star montante du jazz hexagonal Vincent Peirani et du vieux briscard Michel Portal.
J'appréhendai un peu le concert car je doit bien reconnaître que l'accordéon que j'ai pu pratiquer dans ma jeunesse ne m’apparaissait pas très jazzy. Et puis finalement qu'est ce que le jazz ? Une musique issue de la culture noire américaine que défend Nicholas Payton avec son fameux BAM (Black American Music) et qu'il veut imposer en lieu et place du mot jazz. Ou bien simplement une musique improvisée ou se mêlent les cultures et les personnalités de chaque musicien ? La musique n'a pas de couleur de peau, pas d'age, pas de frontière, elle représente un trait d'union entre des personnes d'une même sensibilité. Le jazz est un langage, et les noirs américains ont contribué à le faire évoluer, mais ce ne sont pas les seuls et il serait réducteur de n'identifier le jazz que par leurs apports. 
Alors oui on peut faire du jazz avec un accordéon, avec une cornemuse, avec une vielle à roue et même une poele à frire, du moment que l'on parle le jazz...
Donc pour moi ce ne sera pas BAM mais Jazz car l'Europe existe aussi et en tout cas l'un des grands contributeurs actuels au jazz européen est certainement Michel Portal avec une carrière aussi longue que le fleuve amazone.
Les 2 compères arrivent sur scène, l'écart d'age de ce couple étant proportionnel à l'écart de taille. Ce détail donne un tour sympathique aux premiers échanges avec le public.
Le concert commence par un morceau de l'accordéoniste. Après quelques mesures, Peirani attend que Portal entame son chorus, mais le clarinettiste est à ses pensées, et ne fait pas attention. Moment de doute sur quelques mesures mais que l'ensemble de l'assistance n'a pas connu.
Dès ce morceau , je suis rassuré sur l'accordéon, que ce soit dans la manière de jouer de Peirani, dans les sons qu'il utilise pour exposer les thèmes, ou prendre des soli, tout est délicat et subtile.
Le deuxième morceau de Portal met la barre plus haute, que ce soit dans la composition ou dans les soli, les 2 musiciens mouillent la chemise, le plaisir est au rendez-vous.
Portal nous sert quelques séances de cabotinage avec le public, confortant le capital sympathie du duo.
Le set se déroule avec de belles performances de la part des deux instrumentistes, cependant, je n'arrive pas à accrocher sur la valse que Vincent Peirani a composé pour Michel Portal et le célèbre tube de l'accordéon Indifférence de Tony Murena.
C'est là où j'estime qu'il y a une limite, l'accordéoniste est un virtuose, mais sur des compositions ou dans des interprétations de morceaux " d'accordéonistes" il n'arrive pas à imposer ce langage propre au jazz sur des tourneries populaires à 3 temps. Des grands noms ont réussi à s'approprier la valse et en faire un vrai moment de jazz, Dave Brubeck, John Coltrane, Wayne Shorter, ...
Ce défaut de jeunesse ne doit en aucun cas occulter le talent de Peirani qui va certainement engranger des expériences et murir dans ses compositions et soli.
Très beau moment avec la reprise de Dancers In Love de Duke Ellington, tempo ralenti mais connivence affichée des deux instrumentistes qui transmettent à l'assistance un bonheur non dissimulé.
Pour conclure un bon moment passé et la découverte d'un jeune talent à suivre: Vincent Peirani.
Note : 15/20
Album de Vincent Peirani 
Page Deezer de Michel Portal 




    

samedi 22 mars 2014

Chi va piano va Machado

Jazz
Concert à La Borie d'un pianiste que je ne connaissais pas du tout: Jean Marie Machado. Ce pianiste qui se produit sur scène depuis plus de 30 ans venait présenter son nouveau projet : Ruffle Swing. Il s'agit d'une formation en trio avec à la contrebasse, Henning Sieverts, et à la batterie François Merville.
Le pianiste à l'air bonhomme et dès les premières mesures, on sent la maîtrise instrumentale. En tant que pianiste, c'est vrai qu'il n y a rien à redire, belle technique, subtilité dans le jeu, maîtrise des pédales et ce que j'apprécie, des chorus mélodiques. Il y a un lyrisme dans le jeu de Machado qui impose le respect, il raconte des histoires et l'auditeur reste suspendu aux notes de son piano.
La section rythmique achève le trait en élargissant la palette sonore du compositeur. Mention spéciale au contrebassiste pour son jeu à l'archer qui était simplement bluffant.
Cependant, autant l'alchimie avec le batteur est certaine, autant avec le contrebassiste, des hésitations se font sentir. Les deux hommes ne se connaissent peut-être pas encore assez bien, et il faut noter que le programme Ruffle Swing n'est pas encore rodé car le trio n'avait joué qu'une ou deux fois avant.
Tout n'est pas rose non plus et c'est vrai que le morceau de rappel qui est un Fado et un morceau plus free en milieu de set m'ont laissé de marbre.
Le morceau free car les musiciens se font plaisir au détriment du public, et le fado car même si c'est honorable pour Machado de défendre ses origines latines, je trouve que le mélange fado jazz qui devrait au final être sympa, ne prends pas. En tout cas ce soir là.
En conclusion belle découverte d'un très bon pianiste.
Si vous voulez écouter Ruffle Swing, il faudra vous armer de patience car Machado joue les sets en live avant de les enregistrer. Donc la tournée ne faisant que commencer, l'enregistrement Ruffle Swing ne risque de sortir qu'au printemps prochain.
Vous pouvez cependant (re)découvrir les qualités indéniables du pianiste sur ses précedents projets.
Note: 14/20
Page Deezer