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samedi 28 janvier 2012

La croix et la bannière

ELECTRO
Justice, le groupe électro qui a connu une popularité fulgurante grâce à son précédent album The Cross, et son titre phare D.A.N.C.E, revient pour un second album Audio, Video, Disco.
4 années se sont écoulées et l'album de Gaspard Augé et Xavier de Rosnay était réellement attendu, sauront-il évoluer, refaire un album semblable, ou vont-il se planter lamentablement ?
La musique de Justice est à rapprocher de Daft Punk, Fatboy Slim, The Chemical Brothers, ... L'utilisation de la compression à outrance est une marque de fabrique et certains médias qualifieront ce mouvement de Power Techno. L'exemple de Daft Punk d'utiliser une image forte représentant le groupe afin de vendre de la musique a été suivi à la lettre par Justice. En effet la croix, le look de rockeur métal des années 80, les faux murs d'amplis Marshall sur scène, tout concorde à créer une image forte et tout de suite identifiable.
Mais intéressons nous maintenant à la musique de ce deuxième album. Deux parties se dégagent clairement de cet opus, dans un premier temps les deux premiers morceaux qui sont une sorte d'épilogue à l'album de 2007 et les morceaux qui suivent représentant une véritable évolution du travail des deux dee jay.
 L'introduction de Horsepower, renvoie au titre Genesis du précédent album. Les basses sont très compressées, la musique emphatique, nous emmène dans un space opéra digne d'un film de Ridley Scott.
 Avec Civilization, single sortit 6 mois avant l'album, les 2 musiciens veulent réitérer l'exploit de D.A.N.C.E, un titre chanté avec un clip très bien réalisé. Le buzz n'est qu'éphémère, les fans se lassent assez vite de ce single qui sent trop le marketing et ne représente pas un travail nouveau de la part de Justice. Ohio qui sera certainement un morceau plus intéressant sur scène qu'à l'écoute pure, est le premier dans sa seconde partie a présenter des guitares électriques. Il faut aussi noter le travail sur les voix, qui sont traitées comme un instrument à part entière.
L'album débute vraiment avec Canon, la guitare ne se cache plus, le morceau est très réussi. Les Justice sont fans de métal et on entend bien là leur inspiration. Le titre On'n'on est beaucoup plus pop, la radio devrait s'en emparer dans les semaines à venir.
Brianvision, hommage au compositeur Giorgio Moroder est le morceau le moins réussi de Audio, Video, Disco. Le retour dans les années 80 est certes bien fait mais il n'y a aucun apport, modification, nouveauté, bref on s'ennuie ferme.
En mélangeant la rythmique de We Will Rock You avec une descente de guitare vous obtenez le début de Parade, mais attention, les chœurs des petits enfants à la croix de bois viennent amocher le titre avec leurs voix sirupeuses et virginales.
D'un même élan l'introduction du titre New Lands, s'autorise le mix agréable des Who avec Who Are You et AC/DC avec la guitare de Angus Young. Le titre est bien conçu, après les refrains, un solo de guitare tel que les années 70 en comptaient des centaines se termine sur le retour progressif du chant.
Le prochain morceau ne laisse aucun doute sur les personnes concernées, Helix, clin d'oeil appuyé a Daft Punk ne sombre pas comme le premier hommage de l'album dans la pure "citation". Le début est vraiment proche des porteurs de casques, mais Justice transforme dans une seconde partie cet hymne au dancefloor en une longue progression vers des accords syncopés.
Le dernier morceau éponyme Audio, Video, Disco ne laisse pas de place à la guitare. Le titre contient une rythmique typée année 80, et le traitement des voix est du même acabit que sur le titre Ohio. Mais heureusement, il y a un morceau caché. Ce fameux concept du titre caché qui paraissait hype il y a 30 ans est aujourd'hui complètement ringard. Cependant musicalement, l'ambiance cinématographique nous emmène du côté des grands compositeurs, et le pari artistique est tenu.
En conclusion ce deuxième album restera un bon cru, le plantage a pu être évité grâce à l'emprunt aux guitar hero que nos deux compères vénéraient dans leur jeunesse.
Il se dégage de l'album une différence de composition avec les deux premiers morceaux qui correspondent plus à une suite de The Cross et les suivant qui conservent une unité par l'emploi des guitares, les hommages aux compositeurs de bandes originales de films et la connivence avec Daft Punk.
En outre même si les Daft Punk ont ouvert la brèche d'une électro avec un gros travail du son, Justice s'attache à la mélodie et la composition de manière plus profonde.
Pour finir on peut regretter la présence de morceaux moins aboutis et sans réel intérêt Ohio(première partie), Brianvision, Audio, Video Disco. La tournée mondiale qui suivra l'album laissera sûrement une autre interprétation de ces titres et peut-être les sauvera. Ainsi pour que nous le sachions il faut que Justice soit faite...

 Note 11/20
Site de Justice
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